Natures mortes radiographiées 2010

Bouteilles à la mer ?

 

Plus de visages ! Plus de people... mais des bottles.Et pourtant... pourtant la patte de Richard Roux est là : dans les camaïeux pastels ? Dans les rythmes ou dans les cernes noirs qui soulignent les formes ?Le contenant n'est plus de chair, mais de verre ou de plastique. Le « donné à voir » affirme sa limpidité, sa transparence et le sujet proposé, natures « mortes », dévoile une vie intérieure, une profondeur révélée par l'artiste. Les bouteilles, apparemment vides, nous livrent un message, une fois radiographiées... Bouteilles à la mer ? Comme si les encres délavées, imbibées d'eau, résistaient à la dilution, comme si les cernes noirs s'évertuaient à contenir l'insaisissable qui tente toujours d'échapper au regard... 

Mais l'intérieur évolue, l'intérieur déborde, et le tracé du pinceau s'adapte, suit le mouvement ou le provoque... l'image se dédouble rappelant le « Double Jeu » d'une exposition précédente. Ici, le contour admet sa limite. S'il reste précis, épais, il accepte cependant de ne plus affirmer de frontières, accepte le flou de la réalité, dessinant des ombres qui, comme des fantômes, accompagnent l'objet principal. S'agit-il d'encres sympathiques ? Que seule la chaleur du regard saurait mettre à jour ?
Telle une bouteille à encre éternellement opaque, l'œuvre de Richard livre au spectateur le compliqué de la situation : la transparence n'est qu'illusion. Au premier plan, presque invisibles, les
dépôts du passé subsistent, légère pellicule qui vient brouiller la vision, témoin discret d'une trace antérieure... indélébile.

Françoise LAURENT 2010

 

« La bouteille à encre » : Expression française qui désigne une situation embrouillée, peu claire. Un problème insoluble.
A la fin du XVIIIe siècle, la forme initiale était "clair comme la bouteille à l'encre".
Ceux qui ont eu le plaisir (car c'était une tâche affectée aux plus méritants) de remplir les encriers placés sur les bureaux des écoliers d'autrefois, savent qu'une bouteille d'encre, même vide, garde une opacité certaine, à cause du dépôt qui se fait sur les parois.
C'est la comparaison de ce caractère opaque avec une situation manquant de clarté ou incompréhensible qui a provoqué la naissance de cette expression.

 

 

 

 

 

 

 

 

Date de dernière mise à jour : 05/07/2021

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