Déesse-mère

Déesse-mère Texte : Françoise Laurent - Image : @Anne Perret

La rose a perdu ses épines
j'y ai offert du fil de fer.
Elle était de Noël, c'était pas raisonnable
drôle de saison pour une fleur…
J'avais trouvé pour elle
un beau collier d'argent
un rien clinquant, un poil trop grand.
A son cou, il faisait plusieurs tours
c'était bien beau, je vous assure.
J'ai dû serrer, serrer encore
un peu trop fort... comme c'est dommage.
Fragilité quasi fœtale
tressée de tiges entremêlées
Fragilité un peu naïve
emprisonnée de barbelés...
Fragilité ? En êtes-vous sûr ?
Feuille végétale, feuille de plastique ou de métal...
Où est la vérité ?
La vraie matière ?
Pourquoi tant de mensonges et d'artifices ?
C'est pas ma faute…
J'ai eu du mal, il est certain, pour en venir à bout.
Affolée, elle poussait ses boutons en tous sens
entre les interstices
J'ai cru qu'elle m'échappait.
Mais je veillais.
Elle s'est éteinte, c'est pas si grave
Et bientôt le silence finira d'étouffer mes regrets éternels
sous l'hypocrite transparence de sa cloche de verre.

Ci-gît l'effigie défigurée d'une... détresse-mère ?
Un petit nid de fil de fer
pour une vestale tout en pétales.

 

 

Date de dernière mise à jour : 02/07/2021

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